On a remarqué que le lithium peut « contrecarrer les perturbations induites par le stress et promouvoir la neuroplasticité. »
Par exemple, des études sur des modèles animaux ont montré que des rats soumis à une contrainte d’immobilisation prolongée (chronic restraint stress) présentent, comparativement à des sujets-contrôles, une altération neurologique (raccourcissement des dendrites dans l’hippocampe) et que le lithium est « capable de normaliser ces anomalies » en promouvant la neuroplasticité par la régulation du système glutamatergique et des composants du cytosquelette.
Analysant la littérature médicale consacrée au lithium, deux chercheurs en neuroendocrinologie confirment le rôle bénéfique du lithium sur la neuroplasticité, un mécanisme sous-tendant son intérêt thérapeutique dans les troubles de l’humeur.
Les auteurs estiment que l’apparition des troubles de l’humeur peut « refléter une incapacité du cerveau à répondre correctement après un stress » au cours duquel des changements dans certaines régions peuvent se « verrouiller », en raison d’une perte de la neuroplasticité.
Or le lithium peut améliorer cette plasticité neuronale par plusieurs mécanismes moléculaires, explorés dans des modèles animaux et dont un « nombre croissant d’études d’imagerie cérébrale » tendent à confirmer la mise en œuvre, également dans le cerveau humain.
Le premier mécanisme d’action identifié du lithium concerne l’inhibition de l’enzyme glycogène synthase kinase 3 (GSK3) : il existe deux gènes codant la GSK3 (a et b), pouvant être tous deux réprimés par le cation Li+, en compétition directe avec le cation magnésium (Mg++) pour la liaison à l’ADN.
Cependant, aux doses thérapeutiques, cette compétition directe joue probablement un rôle mineur, et des expériences in vitro suggèrent que « la principale méthode d’inhibition de la GSK3 » consiste plutôt dans une phosphorylation à proximité de la sérine-21 de l’extrémité N-terminale de la GSK3a, et de la sérine-9 dans l’isoenzyme GSK3b.
En résumé, chez les patients avec des troubles thymiques, les auteurs considèrent que le lithium est capable d’améliorer la symptomatologie clinique en soutenant la neuroplasticité, et en contribuant à « débloquer » la mauvaise adaptation du cerveau aux stress.
Dr Alain Cohen
Références
Gray JD et McEwen BS.: Lithium’s role in neural plasticity and its implications for mood disorders. Acta Psychiatr Scand 2013: 128: 347–361.